L'mpartialité de l'Histoire necessite de croiser un maximum de source - Des piles de livres entourrent un ordinateur portable ouvert ou l'on peut voir la frise chronologique mondiale en pleine création.

Le projet d’une carte du temps :
Une chronologie universelle

La création d’une frise chronologique mondiale a représenté un défi immense, fruit de plusieurs années de travail rigoureux et sans relâche. Chercher à représenter l’histoire de l’humanité dans un format limité imposait des choix difficiles, entre sélection, hiérarchisation et synthèse.

Ce travail s’est appuyé sur une démarche méthodique :croiser un grand nombre de sources, confronter des récits parfois contradictoires, recueillir l’avis majoritaire des spécialistes tout en résistant aux simplifications virales du web et des fiertés nationales.

L’objectif : s’approcher, autant que possible, d’une vision impartiale et équilibrée. Cela a exigé un vocabulaire neutre, des critères constants, et une attention particulière aux civilisations oubliées ou marginalisées par les récits nationaux dominants. Ce projet n’a pas cherché à flatter les mémoires , mais à donner leur juste place à toutes les pièces du puzzle humain. Il s’agissait, avec humilité, de déposer les armes du récit national pour tenter une histoire vraiment globale, fondée sur l’exigence de justesse et de respect.



Raconter sans travestir : éviter les pièges du mythe.

Un des partis pris fondamentaux de cette frise chronologique a été de ne pas se limiter à la seule mise en exergue des événements emblématiques —

batailles, règnes, révolutions ou découvertes majeures

— mais de s’attacher, avec la même rigueur, à restituer les longues durées, les ambiances de fond, les structures mentales, sociales et culturelles qui constituent la trame invisible de l’histoire humaine.

L’histoire ne se résume pas à une suite de dates marquantes ;
elle est aussi le lent façonnement des peuples par leurs croyances, leurs coutumes, leurs économies, leurs techniques et leurs visions du monde.


Mais simplifier, même si cela peut aider à mieux comprendre, comporte un risque : celui de remplacer la complexité par des clichés ou des images fausses, qui déforment notre regard sur le passé. Conscient de cela, le travail présenté ici a cherché à allier la clarté imposée par le format avec l’exigence de rigueur et de précision. Chaque élément retenu a été soigneusement choisi pour préserver la richesse historique tout en restant lisible.

Cette chronologie simplifiée ne vise donc pas à figer une mémoire idéalisée, mais à offrir une représentation cohérente du temps, fidèle à l’essentiel sans trahir la réalité.




Qu’on ne s’y trompe pas : une frise chronologique n’a pas pour but de raconter tous les détails de l’histoire ni d’en restituer toutes les ramifications. Elle ne vise pas l’exhaustivité, mais la synthèse raisonnée. Cette carte du temps, à l’échelle du monde et des âges, répond à deux contraintes concrètes : le format et la lisibilité. Elle ne cherche donc pas à tout dire, mais à fixer l’essentiel. Par un travail méthodique de sélection, de classement et de hiérarchisation, cette frise met en lumière les grandes dynamiques de l’histoire humaine — qu’elles soient sociales, religieuses, scientifiques, politiques ou militaires.

Chaque fait inscrit n’est pas une fin en soi, mais un repère, une invitation à approfondir. C’est là sa force : éveiller la curiosité, inciter à la recherche. Comme une table des matières du monde, elle permet à chacun, grâce aux outils web — Wikipédia, Youtube, Chat GPT —, de prendre une référence pour remonter le fil du passé. Ainsi, elle accomplit une mission essentielle de l’historien : assurer la traçabilité du passé, pour que rien, même le plus modeste des faits, ne soit tout à fait oublié.

Réconcilier les histoires
en reliant les peuples

En reliant toutes les régions du monde, toutes les disciplines et toutes les époques, elle combat les séparations qui enferment les récits nationaux dans des cases fermées. Au lieu de cela, elle met en lumière les échanges, les influences réciproques, les emprunts, les résistances et les mélanges culturels qui ont toujours nourri l’histoire de l’humanité.

Là où certains veulent dresser des murs entre les civilisations, elle construit des ponts. Là où d’autres idéalisent un passé figé et glorieux, elle rappelle que l’histoire est faite de mouvements, d’échanges et de transformations. Elle ne s’appuie pas sur la nostalgie d’un âge d’or, mais sur la curiosité envers les autres, la richesse du monde et l’humilité face au temps. L’histoire ne se bâtit pas sur des mythes figés, mais sur le dialogue entre les mémoires et la mise en relation des parcours humains. Mettre en regard les royaumes d’Afrique, les empires d’Asie, les civilisations andines, les sociétés méditerranéennes, les penseurs musulmans et les savants européens, c’est refuser toute hiérarchie entre les récits. C’est affirmer que chaque peuple a contribué, à sa manière, à l’histoire de l’humanité — et qu’aucun récit ne peut se dire universel sans les autres.




Rendre visibles les interconnexions

Dans l’esprit de Marc Bloch, pour qui « l’incompréhension du présent naît fatalement de l’ignorance du passé », cette frise défend une vision globale de l’histoire. Elle refuse une lecture moralisante ou limitée aux seuls grands événements, et cherche à comprendre les dynamiques longues — économiques, sociales, techniques, culturelles, mentales — qui façonnent les sociétés.

Plutôt que de séparer les domaines (militaire, politique, religieux, scientifique…), elle les réunit sur un même support pour montrer leurs liens et leurs influences réciproques. L’histoire y devient un outil de compréhension du monde, révélant comment chaque fait s’inscrit dans un réseau de causes et d’effets.

En cela, cette frise propose une lecture cohérente et vivante du passé, fidèle à l’idée d’une histoire « totale », riche de ses croisements et de sa complexité.

Contre la manipulation :
la force des repères

En intégrant les faits culturels, religieux, politiques, sociaux et économiques, cette frise chronologique cherche à représenter une histoire globale, qui ne se limite pas aux grands événements ou aux actions des souverains. Elle met en lumière les dynamiques profondes des sociétés humaines, en donnant enfin une place aux peuples : leurs croyances, leurs luttes, leurs gestes du quotidien. Cette approche s’inscrit dans une historiographie élargie, attentive non seulement aux élites, mais aussi aux forces qui ont porté et transformé les civilisations.

Dans un monde dominé par l’instantané, il est vital de se souvenir que l’histoire n’est pas ce que l’on croit aujourd’hui, mais ce que l’on comprend dans la durée. Une frise mondiale agit comme un repère fixe : elle donne une vision d’ensemble de notre mémoire commune, à un instant donné, sans se plier aux passions ou jugements du présent.

Car le risque du présentisme est réel : juger le passé avec les idées d’aujourd’hui revient à déformer ou effacer ce qui a été. Dire que la colonisation fut un simple échange culturel, minimiser l’esclavage ou nier la Shoah, ce n’est pas débattre : c’est trahir l’histoire. Sur les réseaux, ces manipulations se multiplient, simplifiant ou tordant les faits pour servir une cause ou une idéologie. D’où l’importance de garder des repères solides, comme cette frise, pour résister à l’oubli déguisé en vérité.




Vers une intelligence historique commune pour penser le futur

Comme le rappelle l’historienne Joëlle Burnouf, l’histoire aide les sociétés à rester ancrées, en montrant que tout change : civilisations, croyances, techniques, valeurs. Rien n’est figé. Cette conscience du changement permet de mieux vivre le présent et de penser l’avenir avec recul. Ernest Renan affirmait que la nation ne repose ni sur la langue ni sur la race, mais sur une mémoire partagée. Dans cet esprit, cette frise ne cherche pas à juxtaposer des récits séparés, mais à faire émerger une conscience historique commune, fondée sur les grandes séquences que l’humanité a traversées ensemble.

Si la langue ne suffit peut-être pas à faire nation, comme le suggérait Renan, l’hypothèse Sapir-Whorf rappelle que le langage structure notre vision du monde. En ce sens, cette frise vise à devenir un langage commun du temps : une grammaire visuelle pour penser ensemble le passé humain. Elle propose ainsi une trame globale pour mieux comprendre le devenir collectif de l’humanité.

Une tradition de géants :
Adams, Eusèbe, Schedel...

Né en 2018 d’une ambition aussi simple qu’audacieuse — représenter l’histoire humaine dans toute son étendue sur un support unique, lisible et structuré — ce projet a exigé plus de 6500 heures de travail réparties sur sept années entières. Fruit d’un engagement profond, à la fois personnel et scientifique, il allie clarté, rigueur méthodologique et fidélité aux faits.

Une tradition rare dans l’Histoire

De telles entreprises de synthèse mondiale sont d’une rareté extrême dans l'histoire. L’un des exemples les plus marquants reste la Chronological Chart of Universal History (1871) de Sebastian C. Adams : une frise monumentale de plus de 7 mètres de long (23 pieds) qui relie la généalogie biblique, depuis Adam et Ève, à l’histoire des civilisations jusqu’au XIXe siècle.

Fusionnant histoire sacrée et histoire profane dans une représentation linéaire unique, elle fut conçue pour l’enseignement et rééditée à plusieurs reprises, parfois prolongée jusqu’au XXIe siècle.

Des antécédents prestigieux, mais incomplets
D’autres tentatives antérieures, comme les Chroniques d’Eusèbe de Césarée (IVe siècle), les Étymologies d’Isidore de Séville (VIIe siècle), ou la Chronique de Nuremberg de Hartmann Schedel (1493), témoignaient d’une ambition similaire. Mais ces œuvres, bien que majeures, reposaient sur un savoir encore limité, souvent centré sur le monde chrétien et européen.

Un projet renouvelé, critique et global
Ce projet reprend aujourd’hui ce geste ancien à la lumière des méthodes critiques contemporaines, d’un corpus élargi et d’une conscience historiographique plus globale. Il s’inscrit dans la tradition des grandes cartes du savoir, tout en renouvelant l’approche : moins linéaire, plus inclusive, plus attentive aux sociétés longtemps tenues à la marge du récit historique dominant.


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Paul LANGERON, Fondateur de Carte-du-temps.fr

Comme le rappelle l’historienne Joëlle Burnouf, l’histoire aide les sociétés à rester ancrées, en montrant que tout change : civilisations, croyances, techniques, valeurs. Rien n’est figé. Cette conscience du changement permet de mieux vivre le présent et de penser l’avenir avec recul. Ernest Renan affirmait que la nation ne repose ni sur la langue ni sur la race, mais sur une mémoire partagée. Dans cet esprit, cette frise ne cherche pas à juxtaposer des récits séparés, mais à faire émerger une conscience historique commune, fondée sur les grandes séquences que l’humanité a traversées ensemble.

Si la langue ne suffit peut-être pas à faire nation, comme le suggérait Renan, l’hypothèse Sapir-Whorf rappelle que le langage structure notre vision du monde. En ce sens, cette frise vise à devenir un langage commun du temps : une grammaire visuelle pour penser ensemble le passé humain. Elle propose ainsi une trame globale pour mieux comprendre le devenir collectif de l’humanité.